Pirelli va conserver les pneumatiques actuels en 2015 et 2016
A l’occasion de la course à domicile de Pirelli, nous sommes allés à la rencontre exclusive de Paul Hembery, le directeur de la compétition du manufacturier.
Cette saison, les pneumatiques et donc Pirelli ont donc été nettement moins sur le devant de la scène par rapport aux années précédentes car le sport devait faire face à un tel changement de réglementation moteur que cela devait être le centre des attentions : « Cela a toujours été voulu que nous soyons moins visibles cette année car la F1 allait faire face à un changement technologique très important. Il était donc logique et bon pour le sport que le principal sujet de discussions soit les moteurs et le design des voitures plutôt que les pneumatiques. »
Pour s’adapter à ces changements, Pirelli a pu bénéficier d’une préparation idéale, avec des essais très tôt dans l’hiver. En plus, ces essais ont pu être réalisés avec les températures clémentes du Moyen-Orient, ce qui représentait donc des conditions idéales pour le manufacturier : « Cela a été une excellente décision. Nous avons pu avoir des données dans des conditions qui étaient proches de celles que nous avons pendant la saison. De plus, nous avons pu bénéficier d’essais pendant la saison, ce qui nous a aidés à progresser. »
Cependant, les bonnes choses ne durent jamais très longtemps, notamment en Formule 1. Ces conditions idéales ne seront plus présentes puisque les essais hivernaux auront de nouveau lieu en Europe afin de limiter les couts pour les équipes : « Malheureusement, nous allons perdre ces bonnes choses. Nous n’irons plus à des endroits qui permettaient d’avoir des données intéressantes et nous allons faire seulement la moitié des essais pendant la saison. Nous étions satisfaits de ce que nous avions mais nous ne les aurons plus. Nous revoilà donc à la case départ ! »
En début de saison, les pneumatiques n’étaient pas la priorité des équipes qui essayaient de comprendre leurs nouveaux moteurs. Cependant, au bout de seulement trois courses, elles ont commencé à être satisfaites de leur compréhension de ces nouvelles règles et de la fiabilité de leur moteur. Elles ont donc très rapidement recommencé à développer leur châssis et l’interaction avec les pneumatiques : « La collaboration technique que nous avons avec les équipes est déjà au même niveau que l’an passé. »
Je crois que nous avons trouvé un bon équilibre car nous avons assisté à des courses fantastiques, ce qui est le plus important.
Cette année, nous assistons à beaucoup moins d’arrêts aux stands que ce que nous avions la saison passée. Pour autant, Paul Hembery ne pense pas que les choix réalisés dans les caractéristiques de ses pneumatiques aient été trop prudents : « Non, je pense pas. A un moment, il faut savoir ce que l’on veut. Il n’est pas possible d’être agressif et être à l’arrière-plan. Je crois que nous avons trouvé un bon équilibre car nous avons assisté à des courses fantastiques, ce qui est le plus important. »
Avec ce constat en tête, il n’est pas étonnant que les gommes proposées l’an prochain seront très proches de celles de cette année : « Nous allons faire quelques changements dans les structures et dans les composés mais ça restera très proche de ce que nous avons actuellement. Mais il ne faut pas oublier que les écuries vont continuer à améliorer leurs connaissances de ces pneumatiques. Or lorsque le vous allez plus vite, cela change complètement l’utilisation que vous faites des pneumatiques. Ce qui est conservateur aujourd’hui pourrait donc être agressif l’an prochain. Vous devez donc être prudent sur ce genre de sujets. »
Si nous ne pouvons faire d’essais, nous ne pouvons pas faire de développement.
Pirelli est d’autant moins enclin à faire des changements importants que ses possibilités de les essayer en dehors des Grand Prix seront très limitées : « Si nous ne pouvons faire d’essais, nous ne pouvons pas faire de développement. C’est aussi simple que cela. Donc il est fort probable que les pneumatiques de 2016 seront également très proches de ceux de 2015. »
Lors des essais de Silverstone, on a pour la première fois des nouvelles jantes de 18’’ sur une Lotus, une taille réclamée depuis des années par Pirelli et les autres manufacturiers qui pourraient être intéressées par ce sport : « Il s’agissait surtout de faire une démonstration. Il y avait une réunion de la Commission de la F1 par rapport à quoi devraient ressembler les voitures en 2017. Nous avons décidé qu’au lieu de simplement en parler, il valait mieux voir une vraie voiture avec ces pneumatiques plus gros. Nous avons eu un très bon retour des équipes mais nous sommes entre les mains du sport. Ils doivent décider ce qu’ils veulent faire. »
Cependant, cette démonstration ne signifie pas pour autant que ce changement sera adopté à l’avenir puisque cela fait presque 20 ans que les manufacturiers demandent à abandonner les pneumatiques de 13’’ et avoir de nouveau des pneumatiques plus large. Ce ne sera donc pas une condition sine qua non pour renouveler son contrat actuel, au-delà de 2016.
De notre envoyé spécial à Monza